10 mai, Fontenay-sous-Bois

Commémoration des abolitions des traites et des esclavages dans le domaine colonial français.


mercredi 9 mai 2012

Une biographie de Victor Hugues


Proclamation de l'abolition de l'esclavage,
Guadeloupe, 11 décembre 1794.
Victor Hugues, gouverneur de la Guyane française, né à Marseille, mort dans le département de la Gironde en 1826.
Il commença par être ouvrier dans les colonies, où il avait émigré, poussé par le besoin, et y jeta les fondements de sa fortune par l'activité et l'intelligence dont il fit preuve en diverses occasions. La Révolution dont il embrassa les idées avec chaleur, lui fournit bientôt l'occasion de se produire. Indigné des manœuvres des Anglais, il conçut contre eux une haine ardente dont ils devaient plus tard sentir les effets. A son retour dans la mère patrie, il fut nommé accusateur public près les tribunaux révolutionnaires de Rochefort et de Brest.

Quelques mois après, il fut chargé de mettre à exécution, à la Guadeloupe, le décret sur la liberté de nègres, et d'en expulser les Anglais. Cette opération qu'il entreprit en 1794 eu un plein succès : le général Graham fut obligé de traiter pour l'entière évacuation de l'Ile, qui eut lieu en 1795.
Dès ce moment, Victor Hugues fit de la Guadeloupe une véritable place d'armes, d'où il couvrit les mers de corsaires qui désolèrent longtemps le commerce britannique. En 1796, les Anglais ayant repris la Guadeloupe, et saisi les navires et les marchandises des Français, Hugues les attaqua vigoureusement à la tète d'un corps de républicains, et les força d'abandonner l'Ile. (K. Guadeloupe.) Après cette expédition, il publia, le 3 février 1797, un arrêté qui autorisait les vaisseaux de la République et les corsaires français à s'emparer de tout bâtiment neutre qui serait destiné pour les Iles du Vent et sous le Vent, livrées aux Anglais et occupées par des émigrés. Ces mesures n'étaient exercées avec rigueur qu'envers les bâtiments de commerce. Hugues s'était réservé le droit d'armer ses corsaires de matelots et de volontaires pris dans les troupes.
Le général Pélardy, commandant la force armée de la Guadeloupe l'accusa, en 1798, de vouloir se perpétuer dans l'emploi que le gouvernement lui avait confié, en cherchant à mettre les cultivateurs dans ses intérêts, et à jeter de la défaveur sur le général Desfourneaux et son expédition. Pélardy lui reprocha en outre l'abandon dans lequel il laissait la colonie : le commerce était inactif, les magasins vides, les bâtiments de l'Etat désarmés ou vendus ; enfin le découragement, disait-il, était général. Ces plaintes, adressées à un membre du Directoire, motivèrent le rappel de Hugues en 1798. A son retour, il fut blessé dans un duel, à la suite d'une querelle politique.

Le Directoire ne le laissa cependant pas longtemps sans emploi, et le nomma, vers la fin de 1799, commissaire à la Guyane. Le gouvernement issu du 18 brumaire le maintint dans ces fonctions jusqu'au moment où les Anglais et les Portugais vinrent âtttquer Cayenne en 1808. On l'accusa de n'avoir rien préparé pour la défense, et d'avoir capitulé, sans même convoquer un conseil de guerre ni consulté les autorités civiles. Sa conduite fut l'objet d'une enquête d'autant plus sévère qu'on le soupçonnait d'avoir capitulé si aisément pour sauver les richesses considérables qu'il avait amassées dans son gouvernement. Toutefois il fut absous des charges qui s'élevaient contre lui ; quelque temps après, il retourna à Cayenne et continua d'y vivre comme simple planteur; devenu aveugle en 1822, Hugues revint dans sa patrie, s'établit dans le département de la Gironde où il mourut.

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